Par Yannick Colleu Le scandale MF Global a été très peu médiatisé… Pourtant ce scandale, car c’en est un, mérite toute votre attention. Toute. Pour faire court : Néanmoins MF Global (1) était aussi membre de la chambre de compensation du Groupe CME (Comex). Une chambre de compensation a un rôle important sur un marché à terme. Non seulement celui-ci est de s’assurer de la solvabilité des acheteurs et des vendeurs mais aussi de gérer les dépôts de produits des vendeurs. Premier scandale : Mais selon moi le véritable scandale n’est pas là… Le vrai scandale se cache ailleurs… La toute première phrase du document (2) “Garanties financières de la chambre de compensation du CME” commence par cet engagement sans ambiguïté : “La gestion des risques et la surveillance financières sont les principales fonctions du système de garanties financières de la chambre de compensation du CME. Les garanties sont conçues pour offrir le plus haut niveau de sécurité et de la détection la plus précoce possible de pratiques financières infondées. Les garanties visent à protéger et à atténuer les conséquences pour les membres assurant le rôle de compensateurs et leurs clients, des défaillances d’un participant“. Malgré ces belles paroles le CME a été incapable, non seulement d’anticiper la faillite de MF Global, mais surtout d’assurer à ses clients la parfaite continuité des opérations de marché en se substituant au courtier défaillant. Vous connaissez sans doute la suite : Intermédiaire = risque Je pense tout particulièrement au marché des métaux précieux et encore plus précisément à la détention de métaux précieux via ces promesses que constituent les trackers (appelés aussi exchange trading funds ou ETF). Illustration : vos trackers métaux précieux Ainsi le célèbre SPDR Gold Trust (code GLD) offre aux investisseurs la possibilité de détenir via une obligation un dixième d’once d’or. Cet or est acquis ou vendu et détenu par le dépositaire, HSBC en l’occurrence, (qui étonnament détient par ailleurs une des plus grosses positions vendeuses d’or sur le CME) au fur et à mesure que les lots d’obligations sont mis ou retirés du marché. Et si le dépositaire… Bien entendu tout ceci n’est que pure fiction et n’est absolument pas destiné à jeter l’opprobre sur HSBC. Creusons un peu plus… cela devient très intéressant Vous pensiez être à l’abri ? Confiant dans ces intermédiaires qui vous ont vendu ce papier, vous y avez souscrit pour son côté pratique : stocker de l’or physique c’est pas votre truc, et puis une grosse banque ça ne peut pas être malhonnête au point de ne pas faire un geste pour vous si les choses tournaient mal à son insu. Et malheureusement pour vous… En résumé : en cas de problème ne cherchez pas d’aide, c’est VOTRE problème et rien que VOTRE problème. Mais vous l’aviez bien compris, tout ceci n’est qu’une fiction construite à partir d’un scenario absolument extravagant… comme l’était celui de la faillite de Lehman Brothers ou de MF Global. Poursuivons un peu plus encore… En attendant, le vrai propriétaire de l’or ou de l’argent ce n’est pas vous mais un dépositaire comme HSBC ou JPMorgan Chase. Et que croyez-vous que font des établissements financiers dépositaires de ces énormes quantités de métaux précieux ? Pensez-vous qu’ils laissent ce trésor dormir sans lui faire cracher un peu de rendement ? Personnellement j’en doute. Certes les prospectus de ces produits financiers affichent presque à chaque page que “La fiducie n’investit dans aucun produit dérivé… “, mais rien ne semble interdire le dépositaire d’opérer sur les marchés à terme. Quelle étrange coïncidence… L’analyse au jour le jour des listes des barres de métal détenues par HSBC ou JPMorgan Chase permet de mettre en évidence des entrées et des sorties qui coïncident étrangement avec des sorties et des entrées de la chambre de compensation du CME. Il est donc fort probable que ces stocks physiques de métaux servent à la construction des positions vendeuses de ces deux dépositaires sur le CME. Manipulations des cours des métaux précieux ? Mais vous n’avez encore rien vu ! Et dès février 2005, le NYMEX publiait (3) avec l’avis favorable de la CFTC que dans le cadre de transactions dites “d’échange de contrats à terme pour du physique” (ou “Exchange for Physical” ), qui sont des transactions de gré à gré permettant à des protagonistes d’échanger simultanément une position à terme pour une position physique — impliquant des contrats à terme sur l’or, les trackers or seront acceptés au même titre que le métal. Vous avez bien lu : sur le marché à terme du CME, marché par destination de livraison de matières physiques, le papier peut remplacer le physique. Dit autrement : Dès lors l’investisseur est en droit de se poser la question de la réalité des chiffres et des stocks, des uns et des autres, dans cette boucle. La faillite de MF Global a montré que tout était possible L’investisseur qui détient certains trackers de métaux précieux (tous les trackers ne sont pas égaux !) doit impérativement se persuader qu’il est plus malin et plus rapide que ses confrères qui se sont faits coincer sur le CME en octobre dernier avec MF Global. La méthode Coué peut dès lors devenir une démarche d’investissement… Au moins, êtes vous prévenu. [NDLR : Yannick Colleu fait désormais partie de l’équipe de Vos Finances – une lettre de conseils en investissement ouverte à tout profil d’investisseur, et très profitable : pour en savoir plus sur Vos Finances continuez votre lecture…]
(1) MF Global était aussi soumissionnaire de premier rang (primary dealer) auprès du Trésor pour les émissions d’obligations d’Etat américaines. (2) CME Clearing Financial Safeguards : http://www.cmegroup.com/clearing/files/financialsafeguards.pdf (3) Notice numéro 05-50 du Nymex en date du 22 février 2005: Interpretation of Comex Division EFPS: Gold-backed exchange-traded ETF shares accepted as cash leg of EFP.
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