Vous possédez quelques dizaines ou centaines ou millions d’euros sur un compte bancaire, par exemple en France, ou en Belgique. Depuis trois ans, la mort de l’euro est régulièrement annoncée (y compris sur ce forum) ; il serait peu rationnel de ne pas s’en soucier. Alors, que faire ? Commencer par se détourner des sentencieux donneurs de leçons qui pontifient sur le mode de leurs certitudes.Prétendre à la certitude dans le domaine économique et financier, plus généralement dans toute matière qui relève du facteur humain, relève de l’imposture. Il n’existe pas plus de lois financières — au sens que le terme de “loi” revêt dans le champ des sciences exactes — qu’il n’en existe dans le domaine économique ou historique. Je ne traiterai ici que de l’un des placements possibles (le seul sur lequel je possède quelques lumières empiriques, confessons-le), celui des monnaies; cela dans une optique défensive et non de pure spéculation (on me reprochera cette distinction, je la maintiens, car elle me paraît fondée sur le plan des intentions comme de leur matérialisation, mais remettons ce débat conceptuel à plus tard). Idéalement, un placement monétaire défensif — ou « de couverture » — se situe au confluent de deux lignes de réflexion. Par exemple, il y a six mois le financier Charles Gave recommandait un placement dans l’une des couronnes scandinaves, au motif que l’euro lui paraissait condamné et qu’il lui semblait rationnel de chercher un havre de sécurité (une seule ligne d’argumentation). Six mois plus tard, ce placement ne vous aura quasiment rien rapporté. Pour ma part, j’avais recommandé un placement dans la monnaie chinoise (le yuan, ou renminbi, CNY). Pourquoi ? En raison, d’une part, des difficultés de l’euro (première ligne d’argument), mais également de la sous-évaluation du yuan, combinée à la volonté des autorités chinoises d’internationaliser progressivement leur monnaie (seconde ligne d’argument). Six mois plus tard, ce placement vous aura rapporté 15%. Si vous avez placé 100.000 euros, vous en récupérez 115.000. Pas mal pour un placement défensif ! Dans la période troublée que nous connaissons, un placement monétaire défensif me semble devoir répondre aux impératifs suivants :
Rationalité, honnêté, long terme : tel est le fameux tryptique de Warren Buffett. Ajoutons-y l’humilité pour ceux qui, à l’inverse de Buffett et tels que moi, n’ont aucun génie particulier dans le domaine des chiffres. Drieu Godefridi est philosophe et dirigeant d’entreprise, Il est l’auteur de “La réalité augmentée” (Texquis, 2011). Source : Institut Turgot – Tag – Monnaie
Bullionvault : Cliquez ici pour découvrir bullionvault
|
Pour relancer nos discussions sur la monnaie, ci-dessous la traduction d’un texte qui présente les intéressants résultats d’une étude de la Banque d’Angleterre. Depuis que les Etats-Unis ont définitivement mis un terme à la convertibilité du dollar en or (c’était en 1973), un petit nombre d’économistes n’ont jamais cessé de se poser en champions d’un retour à l’étalon-or. L’Autriche est La Mecque de ce courant, Ludwig von Mises est leur prophète, et “La Route de la Servitude“, le célèbre ouvrage de Friedrich von Hayek, leur Bible. On les désignent habituellement sous le vocable de « Goldbugs », étiquette qui, selon l’école à laquelle on appartient, emporte une connotation plus ou moins positive ou négative. Le camp des disciples d’Hayek est persuadé qu’ils détiennent la vérité. A l’inverse les héritiers de Keynes considèrent qe que ce sont eux, les « Autrichiens », qui sont fous. D’où le titre de cet article. Ce qui qui les oppose est de savoir comment le système monétaire et financier international devrait – ou ne devrait pas – fonctionner. Autrement dit, son mode de gouvernance. Le champ de batailleIl est n’est pas exagéré de dire que Keynes est l’économiste le plus connu et le plus écouté dans le monde d’aujourd’hui. Il a passé sa vie à plaider pour une intervention active de l’Etat dans la gestion de l’économie. Sa conviction était que, si les marché sont livrés à eux mêmes, ils génèrent des déséquilibres qui engendrent le chômage et d’inutiles souffrances pour les populations. Il est donc du devoir de l’Etat d’utiliser tous les outils budgétaires, fiscaux et monétaires dont il dispose pour ramener l’économie à l’équilibre. Les théories de Keynes se sont traduites, au niveau international, par la mise en place du système des accords de Bretton Woods, qui datent de 1944, et à la rédaction desquels Keynes lui-même a directement contribué. La plupart des Etats ont abandonné l’étalon-or et rattaché leurs monnaies au dollar US devenu, après la guerre, la monnaie mondiale dominante. Dans ce système, le dollar restait convertible en or au taux de 35 dollars l’once. Chaque pays conservait, sous certaines conditions, la possibilité de dévaluer (ou réévaluer) sa monnaie par rapport au dollar, mais il était prévu que la correction des déséquilibres relevait en priorité des interventions du Fonds Monétaire International que l’on venait de créer, et dont le quartier général se trouvait à New York. C’est ce système qu’Hayek a toujours combattu. Au nom de ce que toute interférence publique avec le libre fonctionnement des lois économiques conduit à l’inefficacité et à la destruction des libertés. Son livre “The Road to Serfom” (La route de la servitude)repose sur deux idées de base. D’abord que laisser les marchés fonctionner librement, sans entraves, est le meilleur moyen d’obtenir une allocation efficace des ressources. Ensuite que toute ingérence de l’Etat dans le libre fonctionnement de l’économie conduit nécessairement à la dictature et à l’oppression – d’où le titre de l’ouvrage. A cet égard, il faut se rappeler que Hayek fut le contemporain d’Hitler et de Staline, tous deux adeptes ostensibles d’une dictature socialiste. Quant au système monétaire international, Hayek était partisan de l’Etalon or. Sa caractéristique est que la valeur d’une monnaie est liée au stock global d’or détenu dans les coffres de sa banque centrale. Si la balance commerciale du pays est durablement déficitaire, cela s’y traduit par un réduction de la base monétaire, qui déclenche un processus de déflation des prix, et par là même incite ensuite les capitaux à revenir. Si l’or afflue dans les caisses de la banque centrale en raison d’un excédent durable du commerce extérieur, cela entraîne une croissance non contrôlée de la masse monétaire qui, à son tour, crée de l’inflation, et incite les détenteurs de capitaux à aller voir ailleurs pour y trouver des occasions d’investissement moins chères. C’est ainsi, par ce double mécanisme, que le système s’auto-équilibre, sans que l’Etat ait besoin de s’en mêler. Depuis qu’en 1973 les Etats-Unis ont définitivement tourné le dos à l’étalon-or et abandonné le régime de Bretton Woods, les deux parties ne cessent de s’affronter. En position de défense on trouve quasiment tous les keynésiens qui expliquent que revenir à l’étalon-or traditionnel ramènerait tous les maux de la déflation – une entrave majeure à la croissance et à la prospérité économique. En position d’attaque se trouvent au contraire les disciples d’Hayek pour qui c’est l’Etat qui est toujours la cause de tous nos maux économiques et sociaux. Des deux adversaires, lequel a raison ?En fait, les deux à la fois. Ou, plutôt, il vaudrait mieux dire que chacun a un peu raison et en même temps un peu tort, dans la mesure où, quelle que soit la solution qui prévaut, cela vaut toujours mieux que le chaos monétaire et l’anarchie. Des économistes de la Banque d’Angleterre ont récemment entrepris de comparer les résultats économiques associés à chacun de ces régimes monétaires depuis le début du 20ème siècle. Le tableau ci-dessous montre que le taux de croissance moyen enregistré sous le régime Bretton Woods fut le double de celui de l’époque de l’Etalon or, et 100 points de base au dessus de la performance du système actuel . Quant à l’inflation, l’étalon-or bat tous les autres systèmes, tant Bretton-Woods que le régime actuel, et de très loin. Ceci dit, là où les enseignements sont particulièrement intéressants, c’est lorsque les auteurs de l’étude s’intéressent à l’effet de chaque régime sur le rythme des crises monétaires. Leurs travaux révèlent en effet que tant l’Etalon-or que Betton-Woods étaient, de ce point de vue, infiniment supérieurs au système actuel. A l’époque de Bretton-Woods, on a enregistré en moyenne 0,1 crise bancaire par an. Depuis 1972, nous en comptons en moyenne 2,6. La même chose pour les crises monétaires. Pendant toute la période de l’Etalon-or, le monde a vécu avec 0,6 crises monétaires par an en moyenne; chiffre qu’il faut comparer aux 3,6 que nous avons connu depuis 1972. De ce point de vue, ainsi que le montre le tableau ci-dessous, le système actuel est clairement le pire de tous. Si l’on peut faire confiance à l’étude de la Banque d’Angleterre – et il n’y a pas de raison d’en douter -, alors, l’évidence qui s’impose est que notre système monétaire international actuel est en pleine faillite. Certains conclueront que le système keynésien de Bretton-Woods était peut-être meilleur que l’Etalon-or à la Hayek. Mais la seule chose dont nous soyons sûrs était que, chacun ayant ses propres avantages et ses propres faiblesses, il y a toutes chances pour que le débat ne s’arrête jamais. Grâce à cette étude, nous disposons cependant, aujourd’hui, de faits concrets et réels sur la base desquels on peut discuter. Article de John Maxfield publié sur le site The Motley Fool sous le titre “Are Goldbugs Crazy”, en date du 24 janvier 2012. Nousdevons à Jerry O’Driscoll, du Cato Institute, d’avoir attiré notre attention dessus. Traduction d’Henri Lepage Source : Institut Turgot – Tag – Monnaie
Bullionvault : Cliquez ici pour découvrir bullionvault
|
Le «Mécanisme européen de stabilité financière» va-t-il stabiliser l’euro?par Eike Hamer, éditeur de Wirtschaft aktuell (www.mittelstandsinstitut-niedersachsen.de)A partir de 2013, le «Fonds de sauvetage» institué par les fonctionnaires de l’UE va être remplacé et renforcé par le Mécanisme européen de stabilité financière (MES). Qu’est-ce qui se cache là derrière? Un fonds, dont le capital total a été fixé pour le moment à 700 milliards d’euros (art. 8 de l’accord) et que les Etats membres doivent, à la demande de la direction, approvisionner sans conditions et irrévocablement (art. 8–4 et art. 9). Son organe de surveillance, le Conseil des gouverneurs, n’est pas élu mais nommé; il ne doit rendre de comptes à personne et, grâce à sa taille (34 membres), il peut être considérablement manipulé par son directeur administratif et son administration. Ce Conseil des gouverneurs nomme un Directoire tout aussi important (art. 6) et le directeur administratif, qui a des compétences étendues. Par exemple, il est le seul à pouvoir donner des instructions aux collaborateurs (art. 7). Il peut agir à sa guise au nom du fonds, pour le compte des Etats membres, sans pouvoir être poursuivi en justice. Il peut prendre des crédits illimités – également auprès de banques privées (art. 17) – dont les Etats membres répondent solidairement et qu’ils peuvent être obligés de réapprovisionner selon leur quote-part. Ainsi, si le capital du fonds ne suffit plus, le Conseil des gouverneurs peut l’augmenter de sa propre autorité sans risquer d’être traduit en justice (art. 10). Comme seul le directeur administratif a le droit de donner des instructions aux collaborateurs, il peut faire l’usage qu’il veut du fonds et ne peut être traduit en justice. Il a même la possibilité de racheter des emprunts d’Etat (monétarisation par la bande), d’effectuer toutes sortes de manipulations sur le marché des capitaux ou de soutenir d’autres institutions, même si cela enfreint les lois nationales, les statuts de la Banque centrale européenne ou les principes de l’économie de marché. Grâce à son immunité générale, il ne peut pas être traduit en justice. Avec cet accord, avec cette institution de fonctionnaires de l’UE échappant à tout contrôle démocratique et jouissant de l’immunité juridique, les membres de la zone euro emmenés par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont procédé à une mainmise illimitée sur les budgets nationaux. Aussi cette procédure inconditionnelle et irrévocable peut-elle être considérée à juste titre comme un accord de pleins pouvoirs. Il permet la mainmise absolue sur les budgets nationaux, autorise des interventions sur le marché impossibles à contrôler démocratiquement et juridiquement et met un terme à la souveraineté des Etats sur leurs budgets. Le dernier domaine dépendant de la souveraineté des Etats, le droit budgétaire et, finalement, également la Constitution allemande s’en trouvent annulés. Le fait qu’Angela Merkel ait consenti à cet accord, qui ressemble à un putsch, sans consulter le Parlement au préalable est non seulement un scandale mais signifie la dissolution des Etats nations souverains de l’UE et la création d’une union de dettes et de transfert dans toute l’Europe. Les rapports de pouvoir qui existaient jusqu’ici entre l’UE et ses Etats membres se renversent. Ce ne sont plus les fonctionnaires de l’UE qui doivent demander des programmes, ce sont les Etats membres qui doivent mendier des retours de capitaux et accepter les directives arbitraires des fonctionnaires de l’UE – qui échappent à tout contrôle démocratique et ne peuvent pas être traduits en justice – et les imposer aux peuples. Il en résulte que la souveraineté des Etats membres est devenue caduque. On trouve le texte de l’accord à l’adresse suivante: www.freiwelt.net P.S. Dans les rangs du groupe parlementaire de la majorité gouvernementale, une opposition se fait jour en partie ouvertement et en partie en coulisses. En effet, un vrai démocrate ne peut pas approuver l’abandon de la souveraineté. Depuis longtemps, la majorité gouvernementale que Steinmeier, évidemment conscient du fait, a déjà réclamée expressément, n’existe plus. C’est pourquoi le gouvernement augmente la pression sur ses députés. Des quantités d’entretiens personnels sont organisés afin de recadrer les candidats hésitants. Mais il semble qu’une opposition se dessine au sein de la base également. Sur le forum Internet AbgeordnetenCheck.de (www.abgeordneten-check.de/karte.html?c=69), chacun a la possibilité soit de signer une pétition déjà préparée soit d’envoyer un courriel à son député pour l’inviter à résister aux pressions venues d’en haut, à marquer son opposition au bradage de la souveraineté allemande, à faire stopper l’accord sur le MES. Il est souhaitable que la pression de la base soit, pendant les vacances, suffisamment forte pour que l’on évite le pire. A lire sur http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=2790 et en video pour celles qui ne croient que les images 😉 http://www.ubest1.com/?page=video/32149 Et les marchés ont été ” rassurés”….
|